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UNE PAGE D’HISTOIRE
LE GRAND REVE DE JEAN BERTIN

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Il y a 41 ans disparaissait l’ingénieur Jean Bertin, inventeur de l’aérotrain. D’un esprit inventif hors du
commun, allié d’un solide bon sens, Jean Bertin a consacré sa vie à l’innovation.
« Il s’agit en fait d’un avion prisonnier, volant sans aile et
au ras du sol … »
C’est ainsi que Jean Bertin définissait son aérotrain, en
1963, cette invention qui allait quasiment mobiliser toute
son énergie les dix dernières années de sa vie et dont les
véritables débuts « officiels » datent du 10 septembre 1969
lorsque l’aérotrain I-80 (interurbain de 80 places) fut mis
sur voie, atteignant les 250 km/h.
Qui était Jean Bertin ?
Il est né le 5 septembre 1917 à Druyes les Belles Fontaines,
au 6 rue du capitaine Coignet. Polytechnicien, ingénieur
diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure de l’Aéronautique
en 1943, il intègre rapidement la SNECMA (société
spécialisée dans l’étude et la fabrication de moteurs
pour l’industrie aéronautique et spatiale) où il occupe les
fonctions de directeur technique adjoint chargé des études
spéciales sur les moteurs et la propulsion. Il y dirige,
entre autres, des travaux sur les réacteurs et l’inverseur
de poussée qui équipe aujourd’hui la presque totalité des
moteurs d’avions à réaction. Persuadé que la technologie
aéronautique peut servir dans d’autres secteurs, il quitte
la SNECMA et crée le 27 février 1956 la société Bertin
et Cie avec pour objectif le transfert des techniques
aéronautiques à d’autres secteurs de l’industrie. Installée à
Plaisir dans les Yvelines, la société Bertin et Cie compte,
après quelques années, 600 personnes. Chaque année,
sont déposés une quarantaine de brevets et ses clients sont
autant des entreprises privées que des organismes d’état.
En 1957, Louis Duthion, un des collaborateurs de la
société, redécouvre, par hasard, le principe de l’  «  effet
de sol », ce qui amène Jean Bertin, aidé de son équipe,
à concevoir de nouveaux moyens de transport puisque le
coussin d’air, en permettant de déplacer une charge sans
frottement, permet de s’affranchir de la roue ! En 1965,
une maquette du 1er prototype est présentée à Matignon au
premier ministre Georges Pompidou. Bien sûr, Jean Bertin
a besoin de partenaires ; il va se tourner vers la SNCF et
la RATP mais personne ne veut miser sur cette aventure.
Après avoir amélioré le phénomène de coussin d’air en
créant la jupe souple, une série d’aéroglisseurs est conçue
: Terraplane, Naviplane, Aérotrain (dont un prototype,
l’Aérotrain I-80 HV, établira le record mondial de vitesse
de 417,6 km/h de moyenne le 5 mars 1974.
Jean Bertin contribue également à l’élaboration de
nombreux concepts tels que le convertisseur de couple, les
trompes à haut rendement, les silencieux pour avions à
réaction, la déneigeuse de pistes d’aérodromes, les avions
à décollage court ou vertical…
Il lutte pendant des années pour qu’une ligne d’aérotrain
existe en France et il lui faudra beaucoup de ténacité pour
qu’un contrat soit signé le 3 novembre 1965. Enfin des
fonds publics vont soutenir le projet et la concrétisation
sera la création d’une ligne d’essai de 6,7 km reliant
Gomez-la-Ville à Limours en Essonne en 1966 avec un
premier véhicule et des vitesses en progression : 200 km/h,
345 km/h en 1967 et 422 km/h en 1969.
La concrétisation arrive au début des années 1970 avec le
projet d’un aérotrain qui devra transporter 160 passagers
entre Paris et la Défense. Feu vert officiel le 21 juin 1974
avec la signature d’un contrat pour une ligne Cergy-la
Défense … contrat qui sera cassé trois semaines plus tard,
le 17 juillet « Valéry Giscard d’Estaing suspend le projet,
l’Etat se désengage… »
Fortement affecté par l’abandon du projet aérotrain, Jean
Bertin décède à Neuilly sur Seine, le 21 décembre 1975,
des suites d’un cancer foudroyant à l’âge de 58 ans.
Le dernier « vol » de l’aérotrain d’Orléans a lieu le 29
décembre 1977.
En 1991 et 1992, les
deux prototypes de
l’aérotrain disparaissent
dans des incendies
criminels à Gomez-laVille et Chevilly, comme
s’il avait fallu que
toute trace s’évaporât à
jamais…

jean-bertin


Informations collectées
par D. Gerville Reache

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